• 2ème
    album pour ce chanteur qui fait de la « chanson pas
    chantée », toujours en duo avec son complice contre
    bassiste François Pierron...




    Jeune
    artiste lillois qui traîne depuis quelques années
    derrière les comptoirs des bistrots à chanson de Paname
    avec des gens comme La rue Kétanou, Dikès, Stéphane
    Cadé... Loïc Lantoine est un digne successeur de Allain
    Leprest, chanteur à la plume de génie mais boudé
    par les médias et vice versa. Loïc a beaucoup appris et
    écrit avec Leprest, mais il a un coté quand même
    beaucoup plus rock n' roll, coté qu'il assume notamment au
    sein du collectif Mon coté punk (formation qui regroupe aussi
    la rue kétanou, paddam, dikès...) Il sort des bars en
    2000 pour occuper les premières parties de groupe comme les
    ogres de Barback ou François Hadji Lazaro souvent dans
    l'indifférence du public qui pense qu'un mec bourré est
    monté sur scène. Et puis les têtes raides
    produisent via leur label Mon Slip son premier album Badaboom
    en 2003, qui sera encensé par des journaux comme télérama
    et qui donc étendra son aura.


    Comme
    il l'explique sur son premier album, il fait de la chanson pas
    chantée, des textes parlés donc, parfois chuchotés,
    parfois clamés d'une voix rauque et faussement incertaine le
    tout accompagné d'un contre bassiste fou, sûrement issu
    d'une scène de jazz plus free: François Pierron. Et le
    musicien n'est pas là juste pour accompagner le chanteur,
    c'est vraiment un duo qui se complète avec ses mimiques, ses
    complicités, la chanson pierrot lui ait sûrement
    adressé (« quand j' me sens suant sale et seul,
    avec la gueule de traviole, y' a toujours mon copain pierrot... »)


    Après
    Badaboom, voici donc tout est calme: le nom de l'album
    est aussi le nom de la chanson qui ouvre le disque, disque où
    Loïc chante aussi les textes des autres comme bientôt
    signé Christian Olivier, le chanteur des têtes raides
    mais aussi des poètes comme Roland Bacri vieux journaliste
    français qui a notamment collaboré avec le canard
    enchaîné. On lui doit le titre Quand les cigares,
    qui sonne comme une vieille chanson révolutionnaire « même
    en Rockefeller, j' resterai toujours fils d'ouvrier, un employé
    un bas salaire... ». Il reprend aussi un texte du poète
    du 19ème Gaston Couté jour de lessive.


    Mais
    Lantoine est lui aussi un poète qui lutte pour l'imaginaire
    dans un monde où on rationalise tout « quand on
    veut la lune, on est pas poète... on est cosmonaute »,
    un poète qui a peur pour l'avenir «Si les
    professionnels de la trouille parvient à nous rallier
    tremblant (...) y' aura d' la merde dans nos urnes et ce
    silence on se le mangera », mais qui sait aussi surprendre avec
    ce blues second degré où il déclare sa flamme à
    Johnny !



    Bref un album riche en texte, en
    accompagnement, en référence, en jeux de mots, en
    imaginaire, en cynisme... une richesse qui se fait rare aujourd'hui
    dans la chanson, il faut en profiter...







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  • Après 8 ans de tournée et
    3 albums, le groupe d'Afrobeat lyonnaise (la fameuse) tire sa
    révérence avec un CD/DVD live qui sort chez Jarring
    Effects, le label de leur début...





    Afrobeat lyonnaise? Dure de résumer
    le style du Mei Tei Sho ! Une rythmique afrobeat, parfois drum n'
    bass qui conduit jusqu'à la transe avec des lignes de basses
    massives et envoûtantes à la Zenzile, une guitare aux
    riffs légers et inspirés, un chanteur fou qui clame ses
    textes en anglais, en français, en wolof et qui dégage
    sur scène une énergie qui ferait passer Joey Star pour
    un débutant du concert, des paroles engagées qui
    revendiquent « une éducation pour tous »,
    qui dénonce la guerre dans « Bagdad is burning »
    et qui appelle à la résistance « stand up
    and fight again ». A cela s'ajoute des nappes d'un saxo
    jazz et quelques sonorités électroniques. Le tout dans
    un esprit free: pas de schémas classique Refrain/Couplet/Pont,
    le durée des morceaux pas formatés (certains dure 2
    minutes d'autres 13), le nombre de temps varie aussi à
    l'intérieur des morceaux.


    Mais la meilleure façon de
    découvrir le groupe dans son ensemble est sur cet album: Un
    concert magnifique « à la maison », au
    transbordeur de Lyon, dernière date d'une belle aventure, le
    lyon calling tour, qui avait emmené à l'automne 2005
    Mei tei sho ainsi que leur collègues lyonnais du Peuple de
    l'herbe et de Hightone aux quatre coins de l'Europe pour une tournée
    très rockn'roll (plus d'infos sur le www.lyoncallingtour.org).
    Concert qu'on retrouve en image sur la partie DVD, accompagné
    d'un petit documentaire sur cette fameuse tournée,
    documentaire très rapide, avec des interviews réalisées
    après l'aventure et qui sont donc sans grand intérêt...
    Mais il y'a un autre film beaucoup plus intéressant sur la
    rencontre de MTS avec un groupe Égyptien, Ganoub. Le
    réalisateur montre les difficultés qu'on peut parfois
    avoir en rencontrant une autre culture. Enfin on peut retrouver
    quelques archives, vielles interviews, clips, photos, et remixes mais
    on regrettera qu'aucun de ces « menus », hormis
    le concert, n'ait été spécialement réalisé
    pour ce DVD.


    N'empêche que ce disque est un
    très beau témoignage d'un des groupes français
    les plus intéressants de ces dernières années,
    autant au niveau de la composition musicale, que de l'attraction
    scénique. C'est aussi une belle consolation puisque même
    si le Mei Tei Sho va continuer d'exister avec une nouvelle équipe
    (seuls le bassiste et le batteur continuent), cette formation là
    n'existe plus et sera difficile à oublier.



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  • Ils sont 5, ils viennent de Roubaix, un
    violoniste, un accordéoniste, un DJ et 2 tchatcheurs avec des
    textes beaucoup plus hardcore que n'importe quel star de « gangsta
    rap » qui ne parle que de sexe et de grosses voitures...


    A
    la première écoute, évidemment avec le mélange
    des beats hip hop et de l'accordéon, on pense à Java,
    mais à l'écoute des textes, on est pas du tout dans
    l'esprit parigo alcolo des parisiens... On est plus dans le lignée
    d'Assassins voire de la Rumeur... D'ailleurs le groupe fait des
    clins d'œil à assassin dans « lillo »
    à travers les « j'rime pour » ou un
    peu plus loin, ils parodient le « on reste sérieux
    dans nos affaires »...


    Les
    textes sont politiques, certains les qualifieront de radicaux mais il
    faut bien avouer que ça tape dans le mile quand les 2 rappeurs
    s'en prennent à la gauche démago de leur région,
    Lille, quand ils nous racontent le parcours des sans papiers dans
    « manich mena », ou quand ils font magnifique
    leçon à la république dans « elle est
    belle la France », de quoi faire taire ceux qui, à
    l'assemblée, veulent redorer le blason de la colonisation.


    Le
    MAP parle aussi du fichage et des politiques ultrasécuritaire
    dans « je ne suis pas un numéro » ou de
    la guerre en Irak dans « sherazad ». Et cette
    sauce politique, agrémenté par un humour noir et fin,
    prend dans le fond, puisqu'à travers le mélange
    rap/accordéon violon, servis par une très bonne
    production, ils incarnent la richesse d'un métissage
    réussit. Ceux qui les ont vu parlent de belles prestation
    scéniques, et quand on voit le potentiel tubesque de « balle
    populaire » ou de « donnez nous »,
    un brûlot anti télé réalité, on se
    dit que leur notoriété pourrait s'accroître assez
    rapidement une fois leur tour de France des salles de concerts
    effectué... On fera quand même une seule critique
    négative, les morceaux sont souvent construits de la même
    manière, ce qui fait qu'on atteint vite l'overdose si on
    se met à faire tourner le disque 10 fois par jours (mais c'est
    pas bien malin j'avoue...).



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  • Alors que la vague de groupe reggae qui a éclaté en France à la fin des années 90 s’essouffle un peu, certains groupes continuent leur chemin tranquillement sans concession. Parmis eux les marseillais de Raspigaous qui sortent leur 3ème album « la mauvaise herbe », toujours aussi léger et à écouter même si la performance musicale du 2ème album n’est pas atteinte.

    Du reggae marseillais avec l’accent, des textes simplistes mais assumées avec des messages volontairement naïfs. Bref c’est léger et ça fait du bien. Sur ce nouveau disque, Lionel, le chanteur nous en remet une couche sur Marseille ville de fou, il dénonce la religion de l’apparence, il assume son reggae « non rasta », il défend les intermittents du spectacle, le téléchargement P2P… Sur une chanson un peu plus politique sur les guerres, on peut relever quelques erreurs historiques (ce ne sont pas les Usa qui ont attaqué le Koweit en 1990…), on préfèrera donc les textes légers que les brûlots anti guerre pas convaincants. Néanmoins les raspis ont toujours eu un engagement sain, ils sont radicalement anti FN (on se souvient de l’énorme tube Vitrolles), ils ont souvent à travers des concerts de soutien, défendu le MRAP, le DAL. Des soutiens qu’ils dévelloppent aussi au niveau local à travers la Raspigassos, actrice au quotidien du lien social dans le quartier du panier à Marseille.

    Ceux qui suivent les raspis depuis plusieurs années, auront tout de même quelques déceptions si on compare ce nouveau disque à « chien des quais », leur excellent 2ème opus. D’abord la disparition de la chanteuse (requien, vitrolles ), laisse lionel seul au chant ce qui réduit le nombre de cordes (vocale) à l’arc du groupe. Et puis il faut dire aussi que chiens des quais était particulièrement chiadé au niveau musicale, des reggae « skatillant » s’étirait sur 8 minutes sans devenir lassant (skartapuce), ici, les morceaux sont plus courts, il y a moins de place pour les ponts, les solos… et enfin on ne retrouve pas de morceau instrumental comme skamel qui élargissait encore la palette du groupe.

    Ca n’empêche qu’un disque des Raspigaous est toujours agréable à écouter, sa légèreté le fait passer parfaitement à tous moments de la journée et on découvre même des nouvelles influences du groupe à travers quelques sonorités et rifs de cuivres orientales.


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  • 0 ans que ce collectif angevin nous fait voyager à travers sa chanson française… (et oui), Lo-Jo sort son 10ème album « bazar savant ».

    Le chroniqueur fainéant se tiendra à écrire que tout est dans le titre… « Bazar » au sens souk, marché orientale regorgeant de bonnes odeurs, ici les odeurs sont les sonorités d’instruments nous baladant de l’Espagne andalouse à l’afrique de l’ouest en passant par l’inde à travers un harmonium, des bambous, une kora, un guimbre…« Savant » dans les textes du « chaman » du collectif, Denis Péan, fondateur de la tribu écrit une prose morissonnienne. Des textes qui à eux seuls transportent les pensées de l’auditeur dans des contrées éloignées.

    « Le grand voyage » est le nom d’une des chansons de l’album, c’est ce que nous procure l’écoute et les concerts de lo’jo depuis 2 décennies. Mais sur cette album on note un travail sur le son, une production beaucoup plus mise en avant. Un rythme moins naturel, des effets voyant sur les voix des chœurs, on sent qu’il y a eu un gros travail de studio. Un travail qui plaira aux aficionados des grosse productions mais qui reboutera certainement les amateurs de son « roots ». Et c’est pourtant ces valeurs de racines que lo’jo a l’habitude de défendre dans sa musique et sa démarche.

    Les racines de l’album sont majoritairement africaine : Ramenée du désert touareg, la chanteuse de Tinariwen, accompagne l’excellent « de timbuktu à essakane »,en référence au désert malien, partie du monde exploré depuis quelques années par le groupe. La rencontre de Lo’Jo et de tinariwen est à l’origine du « festival au désert » qui se tient au début de chaque année en plein milieu du désert mais qui tend à devenir une sorte de club med pour les agents du bizness musical parisien.

    Bref on n’est un peu désorienté avec ce disque entre le coté concret du voyage musicale que nous propose le groupe et la superficialité des sonorités et effets de studios. On ne parlera pas du dernier morceau « next door to paradise » qui appuie un coté mystique et une influence des doors, mais qui a un petit coté prosélite dont on aurait pu se passer.


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